Tag Archives: premier roman

Avancer, de Maria Pourchet

28 sept

Pilosité de chômeur

Éditions Gallimard

Lu par Claire

C’est pas parce que le vélo est petit que tu ne peux pas aller loin. Proverbe ouzbek.

Voilà un premier roman, #DanielPennackiffeMadameBovary, qui en envoie. Pour une fois que l’on se permet de s’amuser en lisant une œuvre de la rentrée littéraire, voire même, de souhaiter ne pas arriver – oh non ! Déjà ! – à la fin, le fait est suffisamment notable pour être noté.

Victoria, née Marie-Laure, a décidé une fois pour toutes de ne rien foutre jusqu’à ce que le destin lui tombe enfin dessus. En attendant, glandons sur le balcon.

«Mettons Victoria, mettons même Marie-Laure, diplômée du supérieur, engourdie au balcon, faute d’échéances. Mettons faible personnage paralysé par la trouille, obscure, de devenir la Bovary et celle, téléphonée, de devenir sa mère. »

Victoria vit aux crochets de son compagnon et ancien professeur de sociologie, un dénommé Marc-Ange affublé de jumeaux d’un premier mariage, le Petit, dix ans, puits de science à nœud papillon, et sa sœur, montagne de sottise. Faut bien que les choses s’équilibrent.

« Pour le dire poliment, la pauvre incarne toute la cruauté du principe gémellaire : il y en a toujours un qui atterrit loin du pommier, c’est statistique. »

Bref, Victoria finit par toucher le fond du trou (au sens propre et figuré, les lecteurs comprendront) sans perdre un flegme que des amateurs de black tea pourraient lui envier, avant de remonter à la surface en brasse coulée et de se rendre compte que brutalement, ça y est, elle avance.

« Vers 23h30, minuit, ramollie par les vapeurs de fromage fondu, la condition humaine chez Victoria accepte l’idée d’un retour durable dans la bourgeoisie provisoire. Selon certaines dispositions. – Annonce ! hurle le Petit en balançant son verre. »

Vers le prix virilo?

C’est dit, j’ose, je me lance, j’octroie cinq moustaches à Avancer de Maria Pourchet. Explications.

–      Parce que ce livre, c’est moi qui aurais dû l’écrire, mais que je suis bonne joueuse.

–    Parce que si on a pu couronner l’écriture conceptuello-alambiquée d’Eric Chevillard, on peut bien récompenser l’année suivante la légèreté et la drôlerie de l’être. C’est la crise, merde.

–    Parce que sans construction trop apparente, parce que sans usage débordant de figures de styles germanopratines, parce que vivacité et simplicité d’écriture, parce que c’est lisible et même agréablement lu, parce que je peux, parce que. Na.

Orgueil et désir, de Myriam Thibault

29 sept

Editions Léo Scheer

Lu par Anne

Un titre entre Jane Austen et la collection Arlequin... La jeunesse peut-être

Désir et poil

Un homme, jeune, beau, branché, suit dans les rues huppées de Paris une femme, belle, désirable, un peu plus âgée que lui. Mais il ne s’agit pas là du 10,000e roman d’auto-fiction d’un apprenti littérâtre en quête d’adoubement (lequel gagne son poids en champagne tiède ainsi que le dictionnaire intégral de l’Académie française, on l’applaudit), mais du premier roman d’une toute jeune fille, puisque Myriam Thibault n’a que dix-sept ans. Son jeune âge – ou son talent précoce, l’avenir nous le dira –, confère à ce récit pourtant peu original une certaine fraîcheur et fait de Orgueil et Désir un très bref roman somme toute agréable à lire. Toutefois, on s’interroge : les références à la tendance, vestimentaire, « intellectuelle », sociale, abondent avec un détachement que l’on soupçonne d’être affecté. Tout cela sent la complaisance mise en abîme, le « je vous critique, mais en même temps, j’aimerais quand même bien en être, du milieu ». Bref, l’adolescence.

Question subsidiaire : comme Sacha Sperling, autre bébé-auteur bobo, Myriam Thibault cite Gainsbourg. Plagiat ? Intertextualité ? Phénomène d’une génération qui sniffe son premier rail à l’heure du goûter ?

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