Lu par Anne
Tout ce qu’Emmanuelle Pagano écrit, c’est comme si elle me le murmurait à l’oreille.
Editions P.O.L
Lu par Alexandre
Comment justifier le choix de ce titre ?
Serait-ce dans l’espoir un peu fou de taper dans l’œil d’un de nos jurés, et pourquoi pas, boum, se voir décerner un trop Virilo sur un malentendu ? Loupé.
Perrin est universitaire, héroïnomane et cocaïnomane. Prof de lettres d’ailleurs, mais on s’en fout.
Perrin aime Benassir, Lucien aussi, et puis tiens, Kei le japonais. Le problème de Perrin, c’est que l’héroïne le rend impuissant. La situation est d’ailleurs assez brillamment résumée par cette maxime acrobatique : «Entre poudre et cul, tu as la bite entre deux chaises».
Perrin, ça l’énerve un peu tout ça, alors du coup, il s’inscrit dans une salle de sport pour arrêter la drogue.
En sus de leurs titres interdits aux mineurs, l’oubliable Pornographia de Jean Baptise del Amo, et Une vie pornographique ont pour points communs d’être nuls et de causer (un peu) d’amours gays.
Qu’on ne se méprenne pas : si la vie du protagoniste est «pornographique» ce n’est pas tellement à cause de sa pratique bestiale du love mais plutôt en raison de l’usage obscène qu’il fait de la drogue. Lecteurs-voyeurs, passez votre chemin, ce titre ce n’est donc que poudre aux yeux.
Mettre la drogue au centre du roman n’est pas en soi une mauvaise idée, surtout quand elle s’appelle « héroïne ». Mathieu Lindon arrive même assez bien à nous faire sentir le mal de vivre méconnu du toxicomane bourgeois. Bonus : On sortira légèrement plus instruit de cette lecture, youpi, apprenant par exemple qu’on peut aussi bien sniffer que s’injecter l’héroïne.
Au delà de ça, il n’y a rien malheureusement rien à sauver. Le roman consiste en une répétition sur 250 pages du scénario manque-dealer-drogue-drague-manque, sans que cela soit véritablement bien écrit, ni même drôle… Les rares blagues qui viennent égayer la monotonie du récit semblent directement piochées dans l’almanach Vermot des toxicos :
« – Tu as maigri dit Perrin
– Pourtant, j’ai pris quelques grammes, dit Lusiau en reniflant significativement»
Un conseil : si vous aussi, vous aimez vous faire de belles lignes, évitez celles de Mathieu Lindon.
Editions POL
Lu par Claire
Wax (oui, c’est son nom) a décidé, malgré une décrépitude entamée et un solide penchant pour l’alcool et la mythomanie, de traverser à la nage le Détroit d’Ormuz. Un détroit mal fréquenté par des navires de guerre, des pétroliers, et les boulettes qu’ils perdent en cours de route.
Fidèle Sancho, Jean Rolin, narrateur omniprésent, sillonne la région afin d’effectuer un repérage politico-géographico-culturel pour le compte de son ami, son collaborateur, son patron Wax, qui n’apparaît lui-même qu’à travers la plume de l’auteur. Un voyage entre réalité et fiction dont on ne comprend ni la nature ni l’aboutissement, si ce n’est que son auteur prend un plaisir évident à le décrire, à défaut de savoir s’il le réalise vraiment.
Certes, ce roman livre est superbement documenté et raconté, et constitue même un cours de géopolitique largement plus intéressant que la moyenne, mais comme je le confiais avec classe il y a peu à l’un de mes confrères à la pilosité douteuse: » Ormuz a avantageusement remplacé mes habituels somnifères : tout aussi efficace, bien plus cérébral, et sans effets secondaires. » Il ne lui manque finalement que la dimension fictionnelle – romanesque – qui aurait été à même de faire frisoter ma moustache de lectrice. Dommage.
Les poilus parlent aux poilus